le RES (Belgique)

Le 26 mai 2011, Lilia, bénévole TAOA rencontrait  Walter SMETS, fondateur du réseau RES en Belgique à Leuven dans les locaux du RES.

Le RES en quelques mots

  • Le RES est créé en 1996 par Walter Smets, inspiré du système suisse WIR et du Regiogeld allemand.
  • Le RES est un réseau de commerces et d’entrepreneurs locaux (tout secteur et activité confondus), qui adhèrent au réseau RES pour favoriser les échanges entre eux.
  • Le RES est une plateforme d’échange où l’on achète et on vend, produits et services, non pas en euros, mais en euro-RES, une monnaie complémentaire à l’euro, qui circule exclusivement dans le réseau RES.
  • Le RES ce sont des échanges B2B (troc inter-entreprises) mais aussi B2C (dès 2009,  les particuliers peuvent acheter des euros RES avec 10% de remise et faire leurs achats en RES dans les commerces membres du réseau) et C2C (chaque particulier peut faire un paiement à un autre particulier en RES)
  • Le RES est une monnaie complémentaire pour soutenir le développement de l’économie locale
  • Le RES s’inscrit avant tout dans une logique commerciale, un service proposé aux entreprises pour augmenter leur chiffre d’affaire 

Plus d’infos sur le site du RES

Quelques chiffres

  • Grâce au RES, les commerçants réalisent 3 à 5% de CA supplémentaire
  • Le RES compte 5 000 entreprises membres et 100 000 particuliers possèdent une carte de paiement RES
  • Au total, cela représente un CA supplémentaire de 35 000 000  d’euros par an pour les commerces
  • il y a 16 000 000 d’euro-RES en circulation
  • RES compte 20 salariés

C’est bien une monnaie complémentaire, mais peut-on la qualifier de sociale ?

 

Par quoi se traduit la dimension sociale de votre activité ? Nous avons posé la question à Walter Smet

“Premièrement : pour moi c’est le rôle social le plus important, c’est que le RES n’est pas une monnaie spéculative, elle fonctionne à taux 0%, et on fait des crédits à 0% d’intérêt également. Notre monnaie n’est pas une monnaie fondante mais c’est une monnaie qui fonctionne  à taux 0%. On offre aussi 10% de pouvoir d’achat au consommateur, c’est-à-dire que tous les particuliers qui adhèrent à notre système ont automatiquement 10% sur tous les produits de tous les commerces de notre réseau.

Deuxièmement : le but social c’est aussi d’aider les petits commerces pas plus pas moins, ce qui est exclue chez nous ce sont les grands commerces, dans ce sens-là on ne met pas trop d’attention sur le but social. Ce qui n’est pas le cas du SOL par exemple, même si il a aussi pour but de relocaliser, il met beaucoup plus d’attention au niveau social que commercial.  Chez nous un commerçant local peut faire partie de notre système,  il n’a pas besoin d’être bio.

Troisièmement : on estime que  par le système même qu’on développe  on est anti-globaliste, Pourquoi ? Par le principe même,  l’argent même reste au niveau local et ne part pas à l’étranger. On ne trouvera pas les RES dans les grandes structures qui ont des actionnaires …

 

L’avis de TAOA

Le RES est une monnaie complémentaire réussie, son expérience et les chiffres le prouvent. Elle est sociale dans le sens où elle soutient les petites entreprises et favorise la relocalisation des échanges. Mais cette démarche est-elle suffisante dans un contexte socio-économique comme celui de la Belgique ? Le même modèle dans des économies fragiles et menacées comme celle du Salvador (voir article Puntotransacciones) rentre vraiment dans la case de ce qu’on entend par “social barter”. Par contre, quand nous pensons à un “social barter” pour la Belgique, ou la France, nous imaginons plutôt un réseau de commerces de l’économie sociale et solidaire avec des critères d’agréments au-delà de la simple taille de l’entreprise (comme ceux du mouvement SOL). Pour le RES, la seule condition d’entrée est que  le décideur soit propriétaire de l’affaire, que ce ne soit pas une grande entreprise aux mains d’actionnaires. Nous pensons que cette seule condition n’est pas suffisante pour pouvoir qualifier le RES de social barter.

Il est important de relocaliser les échanges mais il est aussi urgent de soutenir les entreprises qui s’engagent dans de véritables démarches développement durable. Grâce aux monnaies sociales, nous pouvons flécher les flux monétaires vers ces entreprises plus respectueuses des hommes et de l’environnement, leur offrir des outils pour augmenter leur chiffre d’affaire et assurer leur développement et leur pérennité. Faire que ces petites entreprises d’aujourd’hui deviennent les grandes entreprises de demain, que leurs bonnes pratiques sociales et environnementales deviennent la norme dans notre économie qui a fondamentalement besoin de se transformer.